LIEU

d’Histoire

L’originalité de la Ville de Boersch se traduit par la juxtaposition de trois entités distinctes, mais complémentaires, qui en font son charme et sa richesse :
La cité médiévale avec son rempart, ses portes d’entrée, sa place de l’Hôtel de Ville et ses vieilles maisons typiques du vignoble alsacien ;

l’ancienne Collégiale de Saint-Léonard, centre artistique et foyer intellectuel de première importance en Alsace vers 1900 ;

le village – manufacture du Klingenthal, première Manufacture royale d’armes blanches du royaume de France et l’un des premiers centres industriels de la région.

Jean-Marie GYSS et la Société d’Histoire de Boersch vous offrent ces pages d’histoire de la Ville de Boersch.

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Boersch Klingenthal Saint-Léonard floral

LES

Origines

Le 21 septembre 1109, Boersch entre dans l’histoire sous le nom de « Bersa ». La charte de fondation du monastère bénédictin voisin de Saint-Léonard, rédigée en latin, cite des terres situées dans « les environs de Bersa ». Il ne fait cependant aucun doute quant à l’antériorité d’une occupation humaine des lieux.

En effet des découvertes archéologiques, effectuées fortuitement en 1925, attestent la présence de vestiges du Néolithique : une hache en pierre (grauwacke noir bleuté), brisée au talon, d’une longueur de neuf centimètres, ainsi que des tessons d’un vase à pastilles, en terre gris-rose, ont été exhumés au pied de l’Altenberg, entre les routes de Rosheim et d’Obernai. Les restes de poterie ont été rattachés au « groupe d’Entzheim » (vers 4 400 avant notre ère).

En outre, le nom même de « Bersa » indique une origine au moins celtique. Ceci infirme la thèse du curé Schahl qui pensait que Boersch était une colonie d’Alamans, fondée à partir de Bischoffsheim.
La racine du mot « Bersa » est problématique. Sa traduction par « treillis d’osier » ou « palissade » paraît relever de la légende. Faut-il même chercher une origine illyrienne, le mot bers désignant des « eaux rapides et vives » ? Les Illyriens, groupe de peuples contemporains et quelquefois rivaux des Celtes, apparaissent vers 750 avant Jésus-Christ et habitaient sur la côte dalmate dans des pays qui s’appellent aujourd’hui l’Albanie, le Montenegro et la Bosnie. Peu de communes en Alsace (peut-être 8 sur plus de 900) peuvent se prévaloir d’une étymologie aussi ancienne, celtique, peut-être même illyrienne, en tout cas pré-romaine. Le mot « Bersa » est vieux de 2 000 à 2 500 ans.

Le patronage de Saint Médard prouve également une certaine ancienneté. A partir du tombeau de Soissons, son culte s’est propagé, après sa mort vers 545, en direction de l’est et du nord pendant quelques années seulement. La paroisse de Boersch est la seule en Alsace à honorer ce saint.

AU

Moyen-Âge

Nous ne savons pas précisément quand l’évêque de Strasbourg prend possession de Boersch, peut-être à la suite d’une donation mérovingienne, ni quand le Grand Chapitre (chanoines de la cathédrale) y fonde une cour colongère (Dinghof), vraisemblablement au Xe siècle. L’évêque, pour subvenir aux besoins des chanoines qui le secondent lors de l’office à la cathédrale, leur accorde terres et biens. Ils accroissent ainsi leur puissance au fil des siècles, par un recrutement de plus en plus nobiliaire, voire princier, et sont même tellement puissants qu’ils nomment l’évêque.

 Un document capital pour l’histoire socio-économique alsacienne concerne cette possession foncière du Chapitre cathédral, appelée plus tard Fronhof (cour des corvées). C’est la Rotula Berse du milieu du XIIIe siècle. L’abbé Hanauer l’a qualifiée de « plus ancien monument complet de l’organisation colongère en Alsace ». L’importance économique du vin y apparaît nettement : la vigne seigneuriale était située au Weingarten, un lieu-dit en contrebas de l’actuelle route Boersch – Rosheim. De la Saint-Michel (29 septembre) à la Saint-Martin (11 novembre), l’organisation des vendanges était réglementée avec précision pendant la visite du Wunebote, représentant du Grand Chapitre.
Dix assemblées annuelles (Dings) étaient prévues. L’avoué de Molsheim ne venait à Boersch que pour exproprier les paysans récalcitrants et exécuter les condamnés, par le gibet ou la décapitation. L’administration villageoise était dirigée par l’intendant, secondé par le prévôt et le cellérier. Ils étaient assistés d’un tonnelier, d’un appariteur, de trois gardes champêtres et trois gardes forestiers. Les biens des fermiers étaient héréditaires.
Les chanoines de la cathédrale de Strasbourg y possédaient encore un tiers des terres, un bois particulier le Forst, ainsi que le tiers des autres forêts.

L’évêque de Strasbourg, seigneur de Boersch, avait le droit de promulguer commandements, interdictions, de réclamer impôts et corvéesIl a souvent entraîné la ville dans la guerre, surtout à cause des conflits entre le pape et l’empereur.
Après une nouvelle guerre suivie d’une défaite, Berthold de Bucheck (évêque de 1328 à 1353) décide de fortifier Boersch, ainsi que Dambach-la-Ville, et de lui accorder le statut de ville, probablement en 1340. Un acte du 23 novembre 1341 concernant Saint-Léonard évoque des biens situés « in oppido Berse ».

Des remparts et quatre tours – dont il en reste trois – sont construits vers 1340.
L’origine des armes de la ville : deux poissons blancs (des perches) se tournant le dos sur fond azur, doit être recherchée dans l’homonymie entre le mot allemand (perches= Bärsche) et la forme ancienne et dialectale de Boersch (Bersch).

En 1385, la ville est prise de nuit par le comte Henri III de Saarwerden, pillée, détruite et l’église brûlée. Par la suite, Guillaume de Diest, évêque de Strasbourg de 1394 à 1439, la gage plusieurs fois pour payer ses nombreuses dettes. En 1405 et 1406, il l’hypothèque à trois (!) créanciers différents : au comte Philippe de Nassau – Saarwerden, à la Ville de Strasbourg et au Grand Chapitre ! Finalement en 1466, la seigneurie passe définitivement de l’évêché au Grand Chapitre pour 1 000 florins, et ce jusqu’à la Révolution.

D’après le comptage des communions pascales, Mgr. Médard Barth (1886-1976), historien de Boersch et de l’Alsace, a estimé la population locale à environ 900 – 1 000 habitants à la fin du Moyen Age.

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AU XVIe

et XVIIe siècle

Les événements tragiques de la guerre des paysans en 1525 ont eu des répercussions importantes pour la localité. En effet le 19 avril, la Collégiale de Saint-Léonard est l’objet d’attaques et de pillages de la part de troupes paysannes venues d’Altorf et de Dorlisheim, auxquelles se sont joints des habitants de Boersch, « même quelques conseillers municipaux… ».
Ils pillent et dévastent l’église et les maisons d’habitation, ainsi que leurs dépendances, obligent les chanoines à s’enfuir et se livrent à des profanations. Pour la ville de Boersch, dont la plupart des habitants ont pris part à l’assaut, l’affaire se termine par une amende de 1 600 florins, versée aux chanoines de Saint-Léonard et entraîne pour longtemps une animosité entre la population locale et les religieux. De nombreux Boerschois, à l’instar de leurs voisins d’Obernai, Bernardswiller, Ottrott, etc. ont participé activement à ces journées, où revendications religieuses et sociales font trembler l’ordre établi.

Puis pendant près d’un siècle, c’est « l’âge d’or », comme pour de nombreuses autres cités alsaciennes. L’époque de la Renaissance imprime aujourd’hui encore son cachet dans des monuments appréciés des touristes : l’Hôtel de Ville (Laube), à la fois halle de marché, lieu de réunion et demeure du bailli, est construit en deux étapes en 1565 et 1572. Un oriel y est adjoint en 1615 et le puits à six seaux réalisé deux ans plus tard, tous deux œuvres d’un artiste probablement originaire de Rosheim, Jacob Zumsteg, à qui nous devons également le puits de Rosheim.

Mais le malheur s’abat à nouveau sur la petite ville. D’abord dès la fin du XVIe siècle, la peste sévit et fait plus de 80 victimes en 1596 – 1597, puis lors de la Guerre de Trente Ans (1618 – 1648). En 1622, la ville souffre d’un court siège et surtout d’exactions importantes commises par les troupes de Mansfeld : pillages, meurtres, incendie. A Saint-Léonard, des chanoines sont brûlés vifs. Les localités environnantes sont aussi touchées : Niedernai, Obernai, Rosheim, Ottrott, etc. Le couvent du Mont Sainte-Odile est détruit.
Dix ans plus tard, les Suédois du maréchal Gustave Horn prennent la ville par surprise et y installent un cantonnement. La peste sévit aussi pendant six mois en 1633 et il y a un nouveau pillage des Suédois en 1636.

A la fin de la guerre, le bilan est désastreux. Nous en avons connaissance par un document intéressant, un état des possessions du Grand Chapitre de Strasbourg, rédigé en mars 1649.
Sur 200 bourgeois (y compris les veuves) recensés en 1632, il ne reste plus, dix-sept ans plus tard, que 65 personnes, surtout des journaliers, c’est-à-dire 32 %. D’autre part, sur 173 maisons habitées en 1632, en tenant compte par conséquent de celles reconstruites après le passage de Mansfeld, il n’y en a plus que 81 habitables, c’est-à-dire 47 %. La situation économique est évidemment désastreuse : la superficie occupée par la vigne ne représente plus que 25 % par rapport à l’avant-guerre et celle des prés, la moitié. Les plus belles maisons et les meilleures terres ont été rachetées par des bourgeois strasbourgeois. En outre, les dettes s’élèvent à 3 436 livres tournois 18 sols, représentant les frais d’occupation dus aux Suédois et le foin pour les quartiers d’hiver des soldats.

Au XVIIe et au XVIIIe siècle, la ville est le siège d’un bailliage comprenant Boersch, les deux annexes de Saint-Léonard et du Klingenthal, ainsi que Saint-Nabor, Geispolsheim et Lampertheim.
A cette époque la famille Barthmann occupe la fonction de bailli.

      Les dénombrements comptabilisent une population de :

  • 120 feux en 1720,
  • 212 feux en 1750,
  • 180 feux en 1760,
  • 247 feux en 1766,
  • 314 feux en l’an VII (1799).

Si on applique un coefficient moyen de 5 et en tenant compte des exemptions (clergé, officiers, fonctionnaires seigneuriaux, etc.), mais… en maniant ce coefficient multiplicateur avec beaucoup de précaution (!), cela représenterait une population oscillant entre environ 550 et 1 600 habitants de 1720 à 1799.

Par la suite, la population augmente jusqu’à 2 317 habitants en 1836, puis diminue après la fermeture de la Manufacture du Klingenthal.
En 1939, il n’y a plus que 1 065 hab. Ce total stagne jusqu’en 1968 (1 154 hab.) avant d’augmenter (1 407 hab. en 1975).
Au 1er janvier 2002, il y avait 2 371 habitants.

La principale activité économique était la culture de la vigne. D’après Mgr. Barth, le vignoble couvrait une superficie d’environ 200 hectares dès la fin du Moyen Age.
A titre de comparaison, il n’y avait plus que 53 hectares de vignes en 2000.
En 1760, le plan d’arpentage réalisé par Pétin divise le ban de Boersch ainsi :

  • environ 37 % de vignes,
  • 21 % de terres cultivées,
  • 16 % de bois particuliers,
  • 15 % de broussailles,
  • 8 % de prés,
  • 3 % d’espace construit.

Ce total ne prend pas en compte la forêt indivise de Boersch – Bischoffsheim. Cette immense forêt était partagée par les deux communes pendant de nombreux siècles. Mais à la suite de fréquentes disputes et contestations, un jugement rendu à Epinal en 1799 a attribué les deux tiers (1 250,69 hectares) à Bischoffsheim et le tiers restant (601,71 ha) à Boersch. L’argument en faveur de ce partage inégal est que depuis le début du XVe siècle, Bischoffsheim installe deux gardes forestiers et Boersch un seul. Néanmoins, cette dernière est restée propriétaire du ban, donc du sol.

Lors de la Révolution, les habitants ont plutôt soutenu le prêtre réfractaire, hostile aux idées révolutionnaires, contre son rival le curé jureur qui a eu maille à partir avec une partie de la population. Le culte se tient souvent en cachette et les croix sont enterrées. Les gendarmes effectuent de nombreuses descentes et l’esprit contre-révolutionnaire des gens est fustigé par les autorités officielles.

Il faut rajouter deux annexes qui donnent un cachet particulier et original à l’histoire de Boersch.

Saint-Léonard

En 1109, un couvent de Bénédictins est construit à l’emplacement d’une forêt de chênes où, d’après la légende, vivait un ermite. Sa charte de fondation, comme nous l’avons déjà vu, mentionne pour la première fois le nom de Berse ou Bersa (= Boersch). L’abbaye périclite après un siècle et est remplacée vers 1215 – 1235 par une Collégiale de chanoines, dépendant du Chapitre de la cathédrale de Strasbourg. Celle-ci est au cœur des événements de la guerre des paysans en 1525, comme nous l’avons déjà évoqué.

 Au cours de la guerre de Trente Ans, Saint-Léonard, tout comme d’autres localités environnantes dont Boersch, doit d’abord souffrir des troupes de Mansfeld, puis de l’occupation suédoise, notamment en 1622 et 1632.
Au XVIIIe siècle, les chanoines possèdent des biens, entre autres, à Innenheim, Bischoffsheim, Blaesheim, Entzheim, Duppigheim, Kintzheim (près de Sélestat), Auenheim (près de Kehl), etc. Après la Révolution, ces biens sont vendus aux enchères : l’orgue Silbermann transféré dans l’église d’Ottrott-le-Haut, les pierres de l’église servant pour construire celle de Benfeld et le clocher en forme de bulbe réutilisé à Ergersheim.
Vers 1900, Saint-Léonard est un important centre de la culture alsacienne autour du peintre et marqueteur Charles Spindler. Ce dernier a remporté de nombreux prix à des Expositions Universelles et à de prestigieux concours : Paris (1900), Turin (1902), Saint-Louis (1904), Dresde (1906), Leipzig (1908)… Le mécène Anselme Laugel réunit autour de l’artiste des amis comme Gustave Stoskopf, auteur de pièces de théâtre en dialecte alsacien, le potier Elchinger, les peintres Josef Sattler, Léon Hornecker et d’autres, qui ont constitué le célèbre « Cercle de Saint-Léonard ».

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Klingenthal

Klingenthal est un cas rarissime d’une industrie donnant naissance à une localité.
En 1730, y est fondée une Manufacture d’Armes Blanches. Le souci du roi Louis XV était, dans la lignée du mercantilisme cher à Colbert, de produire des armes dans son royaume, d’être indépendant au niveau de l’approvisionnement et d’éviter ainsi de devoir débourser pour leur importation.
Des ouvriers allemands de Solingen dans la Ruhr sont débauchés et reçoivent divers avantages (dispense de charges et d’impositions) pour s’installer en Alsace. Le choix du lieu se fixe dans une petite vallée sur le ban de Boersch, où le cours de l’Ehn, prétendait-on, ne gelait, ni ne tarissait jamais. L’entrepreneur qui crée et dirige l’entreprise jusqu’en 1736 est Henri Anthès, anobli par la suite. Néanmoins, la fabrique doit cesser ses activités de 1751 à 1753 par manque de commandes de l’Etat.
Si par la suite elle redémarre et s’agrandit, la mauvaise qualité de certaines lames entraîne une reprise en mains de l’administration royale qui contrôle plus efficacement la production par des officiers inspecteurs. De 1765 à 1774, moins de 200 ouvriers produisent 80 000 baïonnettes, 84 667 sabres, 2 000 montures et 6 426 lames. Certains ouvriers logent sur place, mais d’autres effectuent le déplacement quotidiennement depuis Boersch, mais aussi Ottrott, Saint-Nabor, voire Grendelbruch.
La Manufacture connaît son heure de gloire grâce aux guerres de la Révolution et de l’Empire. Mais elle est victime de la nouvelle donne économique, causée par la première Révolution Industrielle, et ferme en 1836.
Les entrepreneurs Coulaux reprennent et aménagent les bâtiments à partir de 1838 pour en faire une fabrique de faux et faucilles, mais aussi d’armes blanches pour l’escrime. Bien que la qualité des faux apporte une réputation mondiale à l’entreprise, celle-ci ferme définitivement en 1962, victime de la modernisation de l’agriculture et du progrès technique.

Découvrez l’histoire de la Manufacture d’Armes Blanches de Klingenthal et ses métiers en rendant visite à la Maison de la Manufacture :
2, Rue de l’Ecole – 67530 – Klingenthal

Horaires d’ouverture :
de Mai à Septembre : du mercredi au samedi de 14h à 18h
et  le dimanche de 10h à 19h

d’Octobre à Décembre :
du mercredi au dimanche de 14h à 18h

sur rendez-vous pour les groupes